Ennui : l'ombre de la modernité / Didier Lapeyronnie ; [préface de François Dubet]

Le sociologue se tourne vers la littérature et la peinture pour analyser l'ennui, une émotion insidieuse et parfois inavouable, rarement traitée du point de vue des sciences sociales. Il met en lumière cette face sombre de la modernité qui amène l'individu à se sentir incapable d'être le sujet de sa vie et à devenir indifférent au monde social jusqu'au point d'être indifférent à lui-même. [Electre]La sociologie aime plutôt les émotions fortes, celles qui bousculent le monde : La colère, la rage, le ressentiment, le goût du pouvoir, les grandes peurs...Elle aime les passions qui alimentent l'action : les passions religieuses, les passions politiques et les enthousiasmes patriotiques, la passion de connaître et de conquérir, l'avidité des uns et la haine des injustices des autres...Les sciences sociales aiment les émotions chaudes et énergiques, celles qui appellent l'engagement et poussent chacun à s'accomplir et à exister pleinement dans l'action, dans le travail, comme dans la vie politique et la vie amoureuse. Comment pourrait-il en être autrement quand les sociétés modernes, nées de la rencontre les Lumières et du capitalisme, de la liberté, de la raison et de l'intérêt, se définissent comme le produit de leur propre capacité d'agir, quand les individus sont autonomes, quand ils ont le devoir de s'accomplir dans leurs oeuvres et d'affirmer ainsi leur singularité ? Contre ces passions fortes, Didier Lapeyronnie s'intéresse à l'ennui, à une émotion « plate », banale, insidieuse, à une émotion discrète, poisseuse et vaguement gênante tant il est difficile d'avouer que l'on s'ennuie, que l'on renonce, que l'on se sent incapable d'être le sujet de sa vie quand le monde social indiffère jusqu'au point d'être indifférent à soi-même. L'ennui est la face sombre de la modernité et comme la sociologie ; la science des acteurs et de l'action, n'en dit pas grand-chose, c'est vers la littérature et la peinture qu'il faut se tourner pour essayer de le comprendre de l'intérieur et de ne pas le réduire à une simple pathologie. Essai brillant, qui aborde un sujet peu traité, ferait-il peur ? Didier Lapeyronnie livre ici un ouvrage et une réflexion fascinante qui prend source dans la littérature et la peinture [4e de couverture]Sujet - Nom commun: Ennui | Ennui Dans la littérature | Ennui Dans l'art

Item type | Current library | Collection | Shelving location | Call number | Status | Date due | Barcode | Item holds | |
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Prêt normal | Enssib | Papier | Pôle Métiers du livre et de la culture | 306 SOC l (Browse shelf(Opens below)) | Available | 9200702 |
Notes bibliogr. en bas de page
Le sociologue se tourne vers la littérature et la peinture pour analyser l'ennui, une émotion insidieuse et parfois inavouable, rarement traitée du point de vue des sciences sociales. Il met en lumière cette face sombre de la modernité qui amène l'individu à se sentir incapable d'être le sujet de sa vie et à devenir indifférent au monde social jusqu'au point d'être indifférent à lui-même. Electre
La sociologie aime plutôt les émotions fortes, celles qui bousculent le monde : La colère, la rage, le ressentiment, le goût du pouvoir, les grandes peurs...Elle aime les passions qui alimentent l'action : les passions religieuses, les passions politiques et les enthousiasmes patriotiques, la passion de connaître et de conquérir, l'avidité des uns et la haine des injustices des autres...Les sciences sociales aiment les émotions chaudes et énergiques, celles qui appellent l'engagement et poussent chacun à s'accomplir et à exister pleinement dans l'action, dans le travail, comme dans la vie politique et la vie amoureuse. Comment pourrait-il en être autrement quand les sociétés modernes, nées de la rencontre les Lumières et du capitalisme, de la liberté, de la raison et de l'intérêt, se définissent comme le produit de leur propre capacité d'agir, quand les individus sont autonomes, quand ils ont le devoir de s'accomplir dans leurs oeuvres et d'affirmer ainsi leur singularité ? Contre ces passions fortes, Didier Lapeyronnie s'intéresse à l'ennui, à une émotion « plate », banale, insidieuse, à une émotion discrète, poisseuse et vaguement gênante tant il est difficile d'avouer que l'on s'ennuie, que l'on renonce, que l'on se sent incapable d'être le sujet de sa vie quand le monde social indiffère jusqu'au point d'être indifférent à soi-même. L'ennui est la face sombre de la modernité et comme la sociologie ; la science des acteurs et de l'action, n'en dit pas grand-chose, c'est vers la littérature et la peinture qu'il faut se tourner pour essayer de le comprendre de l'intérieur et de ne pas le réduire à une simple pathologie. Essai brillant, qui aborde un sujet peu traité, ferait-il peur ? Didier Lapeyronnie livre ici un ouvrage et une réflexion fascinante qui prend source dans la littérature et la peinture 4e de couverture
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